Voici à quoi ressemble la vie avec l'EB

Une percée importante réalisée dans la thérapie génique des cellules de la peau

photo : BBC

Un traitement expérimental a permis in extremis de sauver la vie d’un petit garçon de sept ans souffrant d’épidermolyse bulleuse jonctionnelle (EBJ). Il s’agit d’une maladie de la peau incurable et congénitale qui, chez le petit garçon, était causée par une mutation dans le gène LAMB3.

Une thérapie génique, appliquée sur ses propres cellules de la peau cultivées, a permis au garçon de recevoir une nouvelle peau saine. De la peau cultivée à partir de ses propres cellules recouvre désormais l’entièreté de son corps (0,85m2) aux endroits où l’épiderme avait totalement disparu.

C’est ce qui a récemment été communiqué dans la revue Nature le Dr. Michele De Luca, le développeur italien de la technique, ainsi que par une équipe allemande de médecins traitants de Bochum.  

Une excellente nouvelle … Mais de nombreuses questions subsistent!

Or, quelles sont les conséquences concrètes de cette avancée et quelles sont les prochaines évolutions auxquelles nous pouvons nous attendre ?

Le fait de pouvoir lire cette bonne nouvelle dans tous les journaux et de pouvoir la partager sur tous les réseaux sociaux apportait bien évidemment des sentiments d’espoir et d’optimisme, mais il n’en demeure pas moins que de nombreuses questions subsistent chez les patients.

Qu’est ce que l’EBJ ?

photo : http://www.holostem.com/

Un des nombreux sous-types de l’épidermolyse bulleuse jonctionnelle (EBJ) est causé par des mutations (ou des anomalies) dans le code génétique responsable de la fabrication de la laminine-332 (une protéine de la peau).

Ceci entraîne une dégradation importante de la qualité de vie. Il convient toutefois de signaler que la gravité de l’EB est très variable, y compris dans ce sous-type. Certains enfants sont atteints d’une forme létale et meurent pendant les premiers mois de leur vie, alors que d’autres en souffrent à peine. Ces différences peuvent en partie être expliquées par les différentes mutations.

Si nous prenons en considération toutes les formes d’EBJ, le taux de mortalité est de 40% avant la puberté. A un âge plus avancé, les patients développeront des plaies chroniques, des infections et des tissus endommagés. Ils courent également le risque de développer une forme très agressive du cancer de la peau, mais ce risque est moins élevé que pour l’EB dystrophique récessive et la cancer surviendra dans la plupart des cas à un âge plus avancé.

Comment cette étude s’est-elle déroulée ?

C’est la toute première fois que, dans le cadre d’une étude clinique, une greffe de la peau est réalisée avec succès sur une si grande surface. Il faut en effet savoir que le petit garçon présentait des plaies ouvertes sur 60% de la peau et que pratiquement tout son corps, à savoir 85 cm2, a été recouvert d’une nouvelle peau.

Des études précédentes avaient en effet déjà démontré qu’il était possible de créer une peau « saine » à partir de cellules de la peau génétiquement corrigées. Cette étude a en outre démontré qu’un nombre important de cellules-souches modifiées restent présentes en permanence dans la peau et contribuent à un renouvellement durable de l’épiderme contenant des kératinocytes corrigées et donc en parfaite santé.

Pour cette expérience, des cellules de la peau ont été prélevées à des endroits où la peau ne présentait pas de bulles. Ces cellules, parmi lesquelles se trouvaient donc un certain nombre de cellules-souches, ont été modifiées génétiquement par l’ajout du bon gène LAMB3 (un des gènes codant pour la fabrication de la protéine laminine-332). Les cellules de la peau corrigées ont été cultivées en laboratoire jusqu’à ce qu’elles deviennent des greffes de la peau qui ont ensuite été greffées, en trois étapes, sur le patient.

Vingt-et-un mois après l’étude, il s’avère que la peau greffée est toujours solide et ne présente aucune bulle. Il s’agit là d’une évolution importante car une complication éventuelle pourrait résider dans le fait que la peau rejette la laminine étrangère qu’elle ne fabrique pas elle-même.

Cette technique fonctionnera-t-elle pour tous les patients ?

Il est vraiment réjouissant de constater que cette technique a été efficace chez le petit garçon de sept ans. Espérons que d’autres patients pourront bénéficier à l’avenir de ce traitement.

Cette étude a eu lieu en Allemagne, mais il convient de signaler que des études similaires sont également réalisées dans d’autres pays. Les techniques utilisées dans les autres pays sont toutefois différentes et elles ne sont pas toutes basées sur l’ajout du gène normal.

Quoi qu’il en soit, des études cliniques sont indispensables pour s’assurer qu’un traitement ne présente aucun danger et soit efficace chez suffisamment de patients. Ce n’est que par après que le traitement pourra être mis sur le marché et être proposé aux patients.

Vous souhaitez avoir de plus amples informations? Participer à des essais cliniques

Cette technique peut-elle également être appliquée pour d’autres formes d’EB ?

Cette étude spécifique avait été réalisée pour l’EB jonctionnelle, mais nous espérons que les chercheurs pourront également appliquer cette technique à l’avenir pour toutes les autres formes d’EB.

Or, cette technique est très complexe et de nombreuses études devront encore être menées pour savoir si cette technique peut effectivement être appliquée à d’autres formes d’EB et selon quelles modalités.

La recherche se concentrera-t-elle dorénavant sur les cas les plus graves ?

Non, des études sont menées pour toutes les formes d’EB, aussi bien en vue de traitements qui permettent d’améliorer la qualité de vie qu’en vue d’une guérison au moyen de différentes techniques.

Si vous souhaitez en savoir davantage sur la recherche scientifique, nous vous conseillons de lire notre page Développement de thérapies

Peut-on parler d’un « cure » (une véritable guérison) ?

Non, mais nous pouvons toutefois parler d’un grand pas en avant pour ce petit garçon et sa famille, et de manière plus générale également pour la recherche scientifique et pour les connaissances acquises dans le domaine de l’EB.

Combien coûte une telle étude ?

Une étude clinique coûte au moins 1 million d’euros.

L’étude décrite ci-dessus a coûté plusieurs millions d’euros. Les fonds nécessaires provenaient entre autres de Debra Autriche et d’AFM-Téléthon.

Vous souhaitez en savoir plus ?

Ce texte est basé sur les sites web de Debra Pays-Bas et de Debra International. Nous remercions le dr. Marie-Anne Morren pour la relecture. 

L’article dans Nature: Regeneration of the entire human epidermis using transgenic stem cells 

Le commentaire officiel dans Nature : Skin regeneration with insights

Le reportage diffusé à la BBC : BBC News Health

Une interview avec le Pr. Hovnanian sur radio RTL

Un article dans Le Figaro : Une greffe de peau quasi intégrale réussie sur un enfant de 7 ans

 

 

 

Publications

Dépliant "L'épidermolyse bulleuse à l'école"

Dépliant "L'épidermolyse bulleuse à l'école"

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